Aujourd'hui je... ne sais pas trop

Deux et quelques crises d'angoisses plus tard. Plusieurs crises de nerfs, et beaucoup de larmes. Il y a des chansons, des moments dans ma tête et des émotions qui me rappellent l'auto mutilation. C'est sombre tout ça.

Me revoici, me re-voila! Encore une fois, des années se sont écoulées entre cet article et le dernier. Bien des choses se sont passées. Je voulais avoir des articles différents pour vous raconter TOUT CE QUI M'EST ARRIVÉ. Mais on fera avec ce que l'on a. L'inspiration vient en écrivant.

Mademoiselle Manchestah

J'ai démenagé de Wigan à Manchester. ENFIN! Manchester aaaaaah! Manchester c'est la nana trop cool de ta classe. Celle avec qui tu voudrais être amie, mais que tu regardes de loin. Qui a le style le plus original. Pas le style à la mode ni les fringues super chers. Non. Le style le vrai! L'individualité. Un peu comme Ola dans Sex Education mais avec une cigarette qui lui pend nonchalamment des lèvres, à la Maeve! Et beaucoup de folie, complètement dejantée comme Lily.

C'est la nana qui ne te parle pas vraiment. Mystérieuse, elle rit quand même à tes blagues. Ah, et biensûre elle est écolo, shoppe dans les fripperies, est féministe, porte de très vieilles Docs végane. Elle fréquente Band on the Wall - lieu de culte religieux indie et World Music... Je blague! C'est une salle de concert! Elle prend des drogues douces à Satan's Hollow (discothèque louche pour Métalleux éffrayant mais super gentils), parle communisme et poésie, est bassiste, artiste-peintre! Elle a vu et a vécu des choses pas vraiment drôles au cours de sa vie, est fière d'être "working class", adore les mots "inclusive" et "LGBT Q+", les animaux, le thé, la pluie et le froid.

Mademoiselle MANCHESTAAAH.


Experiences universitaire et after

Au coeur de cette demoiselle, j'ai décroché une licence "First Class Honours" en photographie. Je pourrai vous raconter mes années à l'université. Comment c'était dur d'être une semie-adulte dans la semie-vingtaine entouré de même pas semi-adultes qui se croit adultes. J'avais oublié à quel point l'on pouvait être arrogant et nombriliste en début de vingtaine! L'université a  été une très bonne experience malgrè le froid, le choc de cultures, le manque des miens et de mon île. J'aurai adoré cependant voir plus de têtes comme la mienne, plus de diversité, plus de représentation, plus plus plus! Que ce soit au niveau des élèves ou des profs au sein de l'école des beaux arts.

Bref, un ascenseur d'émotions intenses. Se chercher, se découvrir en tant qu'artiste, raffiner sa pratique, s'émerveiller devant toutes ses techniques. Découvrir de nouveaux artistes et leur histoire, la révolution et les prises de position sur tout ce qui me tient à coeur. L'émulsion de produits chimiques qui font apparaître des formes, de l'ombre, de la lumière, des couleurs, sur du papier photographique. Darkroom mon amour.

J'ai participé à mes toutes premières expositions locales et internationales - Arles en France, Pingyao en Chine, Manchester en Angleterre et Port-Louis à l'ile Maurice. Je crois savoir ce que je veux, et comment je le veux. Comment je veux le présenter, le montrer. Ce que je souhaite raconter, et comment je veux le raconter. Les recherches, les histoires. Les gens. Ce sentiment et ce lien très fort que ma pratique a éveillé entre "lakaz" et moi. L'après colonisation de mon pays, la migration forcée. Lakaz et mes origines; au sein même des recherches qui nourrissent ma pratique, mon art, mon travail.

Amour et confinement

Je vis avec l'amour de ma vie, depuis maintenant 6 ans. Notre histoire a commencé sur un bateau de croisière. On a cohabité dans une toute petite cabine pas plus grand qu'un minuscule couloir; notre chez nous pendant un peu plus d'un an et deux contrats. Je parle de mes aventures en mer ici et . Puis chez ses parents à Wigan; au sein de ma famille adoptive, un petit cocon de sécurité loin du soleil et des miens. Pour finalement atterir dans notre petit chez nous à Manchester.

Celle là, c'est VRAIMENT une histoire à part entière. Je vous la raconterai un jour. Elle est drôle, douce. Elle est surtout toute chaude, comme le sentiment d'être chez soi, et comme un vrai et véritable fou rire à gorge deployée. Un sentiment de plénitute semé d'embûches, de réalité qui te claque dans la gueule, te met face à tes démons et tes fantômes du passé et qui te donne envie de devenir une humaine meilleure.



Tout ça pour en venir à aujourd'hui. Avril (ou Mai dépendant de quand je poste... Probablement Mai me connaissant) 2020. Confinée, confinement. La vie a pris une tournure bien bizarre ces derniers mois. Ma réaction à tout ceci ? Je l'ai vécu et je la vis toujours en phase. Une longue phase de frustration, d'incompréhension et de rage, beaucoup de rage! Ceci n'est pas un coup de gueule, ni une leçon et encore moins un article "feel good". Je n'ai pas la prétention de venir avec ma liste de "comment gérer son confinement" puisque je ne crois pas en la généralisation de nos expériences en minuscule mode-d'emploi. C'est sûrement une explosion ; une explosion après plusieurs mois d'accumulation.

Ecrire est pour moi une forme d'exorcisme presque. Une thérapie. Un déferlement d'emotions crues, et pas très beau à voir ou à entendre. Alors je me lance... Je vous en veux à tous! Avec vos "je m'ennuie", vos "jai tout ce temps pour faire tout ce dont je n'avais pas le temps de faire AVANT", "je ne sais pas quoi faire de mon temps". Je vous en veux puisque je suis confinée sans vraiment l'être et celà me frustre ! Cela me frustre d'autant plus que j'attendais un signe de l'univers pour faire une pause, et même avec une pandémie ma pause n'est jamais arrivée. Mon temps m'a été volé dans la répétition d'une chose que j'essaie d'arrêter et que je déteste du plus profond de mon être parfois, et ce depuis 8 mois déjà. Et c'est pour celà que je vous en veux.

La chance et le temps...

Vous êtes chanceux puisque vous avez le temps, tout ce temps ! Le temps de se soucier, le temps d'avoir peur, le temps de prendre soin des siens. Le temps. Le temps ! Beaucoup d'entre nous n'ont pas cette chance, cet espace dans leur tête pour s'arrêter. Respirer. Faire une pause. Pour beaucoup le nouveau "normal" n'est jamais arrivé ou très peu - la vie d'avant a perduré et perdure encore ! La course, le stress. La frustration. Le travail de tous les jours qui est tellement axé sur le profit et les billets verts qu'il fait preuve d'un manque d'humanisme et de compréhension impréssionnant. Le dégoût pour ce genre d'institution complètement égoiste. Qui est au chaud dans sa villa avec wifi, machine à café intégré pendant que ses minions se fendent le cul. Dehors. Alors assieds-toi deux secondes, regarde autour de toi et vois la chance que tu as malgrè tout.

Beaucoup d'entre nous n'ont toujours pas réalisé les privilèges que l'on a - moi la première. Je me suis tellement énervée, révoltée, contre le système, contre le manque d'humanisme, de compréhension, contre le fait de ne pas avoir eu de temps libre de créer, de travailler sur mes projets perso, sociaux, créatifs... et de vider mon énergie et ma santé mentale dans cette chose que je trouve si futile, si loin de mes principes. Mes émotions négatives ont pris le contrôle sur toute ma tête ainsi que mon corps. Je me suis laissée submerger par le surplus d'informations, de vidéos, de nouvelles - je ne pouvais en parler sans éclater en larmes, ou sans faire une crise de rage. Comme beaucoup d'entre vous. Un peu comme Tony dans Afterlife, j'en voulais au monde entier. Je pense avoir un sens beaucoup trop aigü des injustices que je n'arrive pas tellement à gérer. Mais j'ai décidé d'apprendre.

Apprendre en acceptant certaines choses:
  • Nous n'avons pas tous le même niveau d'empathie, et ce n'est pas grave. 
  • Nous faisons tous de notre mieux dans les limites de nos capacités mentales et physiques et c'est plus que beaucoup.
  • Nous sommes tellement complexes que nos expériences ne peuvent être résumées, expliquées ou généralisées, mais la beauté de la nature humaine fait que malgrè tout on peut quand même s'identifier l'un à l'autre dans notre vécu.
  • Je déteste le capitalisme... Encore plus.
  • L'égoisme de beaucoup ne changera pas, c'est pour celà que ça fait tellement de bien de se retrouver avec 'nos gens'.
Certains d'entre nous sommes chanceux en matière de sécurité de travail, de toit, de finances et de nourriture. Pendant que beaucoup n'ont pas cette chance. N'ont même pas le choix. Avoir le choix est quelque chose de tellement précieux, surtout en période de bizarreries comme en ce moment. Le choix d'être patient, le choix d'être humain, de comprendre et faire preuve d'empathie. Le choix de ne pas être un gros con égoiste. D'avoir assez de discernement pour notre prochain qui a peut-être été une victime sociale, économique, physique, qui a peut-être perdu la vie, un être cher ou encore sa santé. Qui peut-être se saigne corps et âme pour leurs prochains.

Et aux futures super mamans - celles qui vivent leurs grossesses en période de confinement. Ces femmes fortes, courageuses, pleines de vie et de resources qui ne baissent pas les bras. Qui vont à leurs rendez-vous médicaux toutes seules, qui savent qu'elles devront sûrement accoucher seules, qui n'ont pas eu la chance de se retrouver avec les leurs pour une baby shower mocktails et gender reveal! Aux amoureux qui avait prévu de célébrer leur amour entouré de leurs tribu. A nous tous avec nos projets et nos envies en suspends.

Pendant que certains osent dire "merci" à un putain de virus, et d'autres qui n'arrêtent pas de proclamer que c'est nous le virus. Des pseudos hippies même pas fichus de discerner que l'être humain fait aussi partie de la flore et de la faune. Nous faisons partie de cet écosystème, nous le détruisons certes, nous le traitons comme de la merde souvent, mais l'univers c'est nous aussi.

Les petites victoires, les merci et les amours

Au milieu de tout ce qui m'enrage, il y a vous. Les femmes de ma vie. La madré, les Taties, les petites cousines... Et les copines!

Vous femmes courage, femmes enragé, femmes occupés, femmes avec milles et uns rôles qui trouvent le temps de partager de l'amour, de prêter l'oreille, l'épaule, de motiver, d'applaudir. De dire: 'c'est la merde, mais on est la'. Celles qui font une pause, celles qui vont a mille a l'heure avec papa, enfants, maris, et famille. Celle qui sont seules, celles qui sont entourées. Celles avec qui l'on discutent dévelopment personel et cochons d'indes. Entre les milles et une recettes partagés, les fous rires virtuels, les appels en videos, le partage de nos peurs, nos soucis, les re-connections avec les vieilles copines, les messages audios...

A cette belle brochettes de femmes pleines de resources qui m'ont motivé sans même le savoir a me bouger le cul pour reprendre mon tripotage de clavier; Zoli Bloguettes.

A Contact Theatre qui est mon soleil de Manchester et méritent un article a eux tout seuls.

A mon lapin, ma famille, sa famille....

A vous gens de ma vie, merci.





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